Jeremy fait d’emblée plaisir à entendre, en un temps où la fusion se fait dans la confusion. On est en effet avec lui dans le domaine du vrai, au coeur de l’expression d’un artiste qui connaît ses racines et développe son langage à partir de ce qu’il a aimé, appris et assimilé. Avec un goût très sûr, une belle maîtrise instrumentale et une imagination en éveil, il salue certes ses aînés mais il impose surtout ses propres désirs. Sa vaste culture, d’Ahmad Jamal à Hancock, Hank Jones et Marcus Roberts, pour n’en citer que quelques-uns, lui donne la liberté d’être lui-même, sans le carcan de l’imitation. En témoigne son Prelude To A Kiss, chef-d’oeuvre ellingtonien qu’il repeint du sol au plafond avec un épatant culot, secondé par deux acolytes qui ont la bonne habitude de provoquer l’épanouissement de nos esprits et de nos orteils…
Claude Carrière